Réfugiés de la faim

Dans un monde où chacun regarde de plus en plus son nombril, il faut saluer une proposition de Jean Ziegler, dans le cadre de la 5ème session du Conseil des droits de l'homme qui se tient du 11 au 18 juin à Genève, pour reconnaître les droits des réfugiés de la faim.

Statut temporaire

Les réfugiés provenant de régions connaissant une famine, comme au Niger en 2005, doivent être admis provisoirement, a expliqué jeudi à la presse l'ex-conseiller national socialiste. Il ne faut pas les confondre avec les réfugiés économiques, a-t-il précisé, tout en reconnaissant la difficulté de faire la distinction.

Seuls les immigrants pouvant démontrer qu'ils viennent d'un pays traversant une crise alimentaire seraient admis. Une fois l'état d'urgence passé, ils pourraient être renvoyés dans leur pays, a indiqué le rapporteur de l'ONU.

Ne pas externaliser le problème

Jean Ziegler a dénoncé la politique des pays européens qui créent des camps d'accueil en Afrique du Nord pour «externaliser le problème» et refoulent les immigrants ou les laissent se noyer en mer, comme ce fut le cas ces dernières semaines au large de Malte. «La tragédie ne fera que s'amplifier. Ces gens sont totalement désespérés et victimes de réseaux criminels. Ce n'est pas un problème facile à résoudre, mais la stratégie visant à transformer l'Europe en une forteresse a échoué», a expliqué le sociologue suisse.

Il a relevé que le nombre de personnes insuffisamment nourries en Afrique a triplé au cours des 30 dernières années. La malnutrition est en hausse: le nombre de personnes touchées dans le monde a passé de 842 millions l'an dernier à 854 millions cette année.

C'est ce courage et cette lucidité qui montre au monde une préoccupation avec les autres, que la Suisse doit adopter. Mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas seulement en Afrique qu'il y à des problèmes de personnes insuffisamment nourries.

Dans les pays de l'est de l'Europe on retrouve des populations, qui sont aussi, plongées dans des problèmes de nutrition. Certes leur nombre est beaucoup moins important, mais leur faim est la même.