mardi, 19 février 2008

La parité commence à encombrer le PS-Ville

Un Article qui a fait sauter les plombs au sein des socialistes
La stricte parité hommes-femmes sur les listes électorales, introduite en 2005, est remise en cause. Certains aimeraient, comme Virginie Keller-Lopez, pouvoir présenter deux femmes à l’Exécutif.
La parité verrouillée par les quotas, c’était merveilleux tant que cela propulsait des femmes au pouvoir.

Revers de la médaille, l’outil les empêche parfois d’y accéder. Voilà qui devient moins merveilleux. Au PS-Ville, certain(e)s commencent donc à s’affairer. Dans l’idée de s’affranchir de statuts adoptés en 2005, désormais encombrants.

Depuis cette date, les listes électorales de la section Ville doivent compter le même nombre de candidats de chaque sexe, à une unité près. Il s’agissait alors, entre autres, d’assurer à une femme (ce fut Sandrine Salerno) le second ticket rose en vue de l’élection à la mairie, aux côtés de Manuel Tornare.

La députée Virginie Keller-Lopez reconnaît sans fard que l’abolition des quotas est dans l’air. «Le comité devrait bientôt être saisi de ce débat. Nous sommes plusieurs à penser que nous devrions nous donner la possibilité de présenter deux femmes à l’Exécutif.» Elle constate en effet que la parité est souvent loin d’être atteinte sur les listes communes de l’Alternative. Au printemps, Sandrine Salerno y côtoyait trois hommes, Manuel Tornare, Patrice Mugny et Rémy Pagani. «Deux femmes socialistes rééquilibreraient les choses.»
La prochaine élection au Conseil administratif intervient en 2011. Sandrine Salerno se représentera sûrement. Or, les statuts actuels empêcheraient une seconde candidature féminine. Qui pourrait bien être celle de Virginie Keller-Lopez. «Moi ou une autre, tempère-t-elle. Il y aura d’autres candidatures que la mienne, j’espère!»

Carriérisme dénoncé
Gérard Deshusses, qui préside la section, jure que le débat sur les quotas n’est pas à l’ordre du jour dans les instances. Mais il concède avoir été approché «par une personne un peu intrigante, hyper-féministe, qui m’a demandé ce que je penserais d’une double candidature féminine. Il est possible que ça grenouille et que certaines carriéristes réalisent qu’elles vont payer la facture…»
Sandrine Salerno, elle, juge «possible» que ce point soit rediscuté au PS-Ville. «Il peut faire débat: en ligne de mire se profile la succession de Manuel Tornare. » Serait-il souhaitable d’abolir les quotas? «Je ne me suis pas encore positionnée», répond la magistrate, rappelant qu'en 2005, l’adoption de l’article incriminé n’avait pas fait l’unanimité. «Elle fermait la porte à une représentation exclusivement féminine.» La porte est à nouveau entrouverte.

Fronde antiquotas
Le grand objectif de la parité, personne ne le remet en cause au PS-Ville. L’outil des quotas, c’est une autre histoire. «Je ne suis pas convaincu qu’il s’agisse de la bonne solution, dit Gérard Deshusses.
C’est disqualifiant, plusieurs femmes en sont d’ailleurs convaincues.» Mais il rajoute: «L’égalité, c’est ça, des candidats doivent s’effacer.»

Diana Duarte note, justement, que les quotas peuvent conduire «à éliminer plusieurs excellentes candidatures féminines. Je suis contre.» Thierry Piguet pense de même: «Faut-il exclure certaines personnes pour atteindre la parité? Il faudra se poser la question avant les prochaines élections.»

Virginie Keller-Lopez juge enfin le dispositif inutile. «Le problème, c’est d’attirer les femmes chez nous. Une fois qu’elles y sont, elles sont élues. A la limite, au PS, les femmes
n’ont plus besoin des quotas.»

Seuls Jean-Louis Fazio et Nicole Valiquer soutiennent les quotas. «Si l’on respecte l’égalité hommes-femmes, il faut aussi le faire quand elle arrange moins les femmes.»
La Tribune, le 15 Février 2008

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